[RP] Consécration de la Chapelle

Lord Saint-Clair venait d'ouvrir la grande porte qui menait à la Chapelle laissant sur le sol deux grandes traces en arc de cercle.

Le silence régnait alors dans cet édifice et quelques lumières multicolores jetaient sur le sol le portrait de ses ancêtres, quelques armoiries ainsi qu'un magnifique Saint Jean incrustés dans quelques vitraux.

L'endroit simple et majestueux portait naturellement les âmes vers le Très Haut. Il ne manquait qu'une petite chose, ou une grande plutôt à l'édifice, une consécration.

Le Lord avait donc convié pour cette occasion son personnel et avait aussi donné une journée de repos à ses paysans afin qu'ils purent eux-aussi assister à ce moment important.

Il espérait secrètement que certains viendraient y faire baptiser leurs enfants ou même quelques beaux mariages...

Malgré le travail qui le retenait souvent tard dans le bureau de sa tour, le Lord se sentait seul dans ce vaste domaine où peu osaient sans doute s'aventurer. A cela s'ajoutait une autre solitude qu'il comblait parfois en tapant a coups de bâton dans une petite balle sur la lande et en piochant aussi dans quelques tonneaux trop remplis à son goût.

Après avoir rangé lui-même la Chapelle et passé un bon coup de balais il se posta devant l'entrée et récita son crédo intérieurement, ces paroles qui lui tirent compagnie dans les moments les plus importants de sa vie. C'est l'âme légère qu'il attendait ses gens et surtout Monseigneur Aegon pour la Consécration...

Le Roi d'Armes de Celje avait fait un très long voyage pour rendre visite à son cousin refaire aussi quelques provisions de ce bon whisky qui faisait aussi sa renommée dans le petit royaume. A peine arrivé à l'entrée du Domaine il aperçu une file de personnes se dirigeant vers la Chapelle. Toujours un peu curieux il suivit donc le mouvement et finit par tomber sur son cousin qui l'invita à rentrer et prendre place dans la Chapelle.

Lord Saint-Clair lui avait parlé de la cérémonie de consécration de la chapelle et BM se joignit au groupe des paysans qui venaient assister à l'office.

A l'entrée de la chapelle, Lord Saint-Clair accueillait ses visiteurs, avec prestance mais gentillesse, et BM profita qu'il parlait avec un couple de paysans pour se glisser au fond de l'édifice.

Elle fut immédiatement saisie par la majesté des lieux, et elle, si sensible aux couleurs fut comme happée par les raies colorées qui fusaient des vitraux. Eclairés par un soleil d'hiver, ils émettaient des fulgurances rouges, bleues et vertes, qui redessinaient sur le sol des taches multiples, au gré du passage des nuages.

Appuyée dans un coin sombre, BM réfléchissait à son prochain engagement, et elle était heureuse qu'il ait lieu dans ce lieu magnifique.

L'évêque d'Autun n'avait pas attendu l'autorisation de consécration pour s'embarquer à destination de l'Ecosse, où l'attendait la chapelle Saint-Jean d'Eglinton. Il avait prit le soin de se munir des outils consécratoires à Rome même, et même plus.

Arrivant au Castel, il fit défaire son maigre chargement et mandé à ce qu'ils soient mis à sa disposition dans la chapelle le jour de la consécration, qui devait être imminent. En effet, le lendemain, la cérémonie déjà se préparait, et le prélat bourguignon entra dans un édifice déjà chargé d'assistants et de dévotion.

Il inclina gracieusement de la tête aux personnes qu'il voyait, attendant pour les saluer dignement qu'elles leur soient présentées. Allant directement au lord Romain, il lui fit révérence, puis lui tendit l'anneau épiscopal.

Les hommes et les femmes du Comté étaient réunis depuis quelques minutes quand un convoi épiscopal arriva.

Lord Romain avait laissé quelques consignes afin que l'on s'occupa de l'Evêque dès son arrivé. Deux hommes étaient chargés de porter les affaires de l'homme d'Eglise au sein de la Chapelle et la vieille Mary de lui porter collation dès son arrivée.

L'homme en imposait et Romain s'inclina devant lui comme à son accoutumé non sans lui lâcher un sourire ravi et lui souhaiter la bienvenue.

Il se tourna alors puis fit un geste discret à quelques membres de sa famille et des amis rassemblés pour l'occasion.

Monseigneur, c'est grande joie pour nous de vous accueillir icelieu. J'espère que votre voyage fut agréable et que les miles que vous fîtes en mer et dans la lande vous ont comblé de joie.

Voici donc notre Chapelle. Elle n'est certes pas encore pleine, néanmoins les quelques personnes qui y sont réunies formeront les premières perles d'un chapelet au service du Très Haut. C'est mon souhait le plus cher.

Les paysans étaient tous retournés depuis leurs bancs, émus autant que troublés par le noble maintien et l'humilité qui se dégageaient de l'homme venu de loin.

Laissez-moi vous présenter mon cousin lord Andrews.

L'homme s'agenouilla et baisa l'anneau d'Aegon.

Lord Andrews a fait le voyage du Royaume de Celje, il est Roi d'Armes de sa terre et c'est un Frère pour moi.

Puis d'un geste amical un peu insistant il demanda à Bigmamma de s'approcher.

Je vous présente aussi la jeune femme dont je vous ai déjà parlé et qui souhaite renaître au sein de notre Eglise et prendre le chemin de la vraie foi. Je l'ai rencontrée ainsi que sa famille lors de mon naufrage il y a quelques années. La plupart vivent désormais en Catalogne où j'ai une demeure. La Princesse est la soeur de Sa Majesté le Roi Cata d'Aragon, Prince de Catalogne. Nous avons terminé sa pastorale et je pense qu'elle est prête désormais pour être baptisée.

Le Lord profita de ces instants pour remettre à l'Evêque la missive autorisant la consécration pendant que quelques personnes s'approchaient pour saluer et accueillir le prélat...

Adrews n'avait pas très chaud sous son kilt dans la Chapelle Rosslyn et était assez content de bouger un peu pour se réchauffer le séant et saluer le prélat.

Monseigneur je suis enchanté de faire votre connaissance, Andrews de Saint-Clair, je suis le cousin de Romain.

Je ne sais trouver les mots pour vous exprimer notre reconnaissance et gratitude à tous et toutes d'être venu de si loin pour aider par la consécration de notre Chapelle familiale à la diffusion de la Foi.

Derrière le Roi d'Armes de Celje on voyait une paire d'yeux regarder la scène avec un peu de timidité mêlée de curiosité...

La timidité était une des "qualités" de BM, qu'elle cachait soigneusement, en arrivant parfois à outrer un peu le trait pour avoir l'air sûre d'elle.

Mais là ... pas question de se montre autre qu'elle n'était, et si elle s'avança, c'est d'un pas peu assuré, fit une révérence un tantinet bancale et se plaça entre les deux hommes, refuge tout trouvé dans une situation qu'elle appréhendait.

Je suis honorée, Monseigneur, de vous présenter mes respects et vous remercie humblement d'autoriser ma présence à cette cérémonie, moi qui ne suis pas encore accueillie au sein de votre Eglise.

La voix se voulait assurée, mais BM, n'osant regarder le prélat, cherchait le regard de Lord Saint-Clair pour y trouver du soutien.

L'évêque était enchanté de l'accueil chaleureux que lui faisait le comte Romain. C'est avec affabilité qu'il lui répondit.

Mon voyage fut exquis, votre Grandeur. La mer n'est pas mon élément, et je m'y sens toujours peu à l'aise, mais la certitude de voguer vers l'oeuvre pieuse qui est la mienne en ce jour, a levé de mon coeur toute crainte. Et, en effet, nous avons eu le calme sur toute la traversée.

Quant aux terres, c'est merveille de trouver encore un territoire en Europe, qui soit si préservé dans son état sauvage, où le paysage est comme jalousement attaché aux formes de la Création, dans sa beauté seule, et sans le secours du génie humain.

Il n'avait pu s'empêcher cette pointe déguisée en compliment, car en réalité le pays, son climat, ses formes, lui semblaient fort tristes, et réveillaient ses vieilles douleurs. La chapelle, en revanche, avait tout pour le mettre dans d'heureuses dispositions.

Ici, en revanche, le génie de l'humanité a fait son oeuvre et démontré le caractère divin de l'esprit des Enfants du Très-Haut. C'est calme, beauté, refuge et flamboyance tout à la fois. Grâce et gloire soient rendus à vous et votre famille pour cette preuve de l'Amour que vous portez à notre Créateur.

Lorsque le comte baisa l'anneau, il lui remit la bénédiction d'un signe de main, puis le tendit à nouveau à ceux qui lui étaient présentés.
Au lord Andrews, il remit ces propos:

La gratitude est donnée de mon côté aussi, my lord. Il est rassurant et exaltant de voir qu'ici, la noblesse des Îles n'a pas abandonné la véritable foy, et ne se laisse point entraîner aux hétérodoxies ayant malheureusement prit ancrage sur elles.

Référence à l'absence d'autorisation de consécration licite? Sans doute, mais le prélat ne s'en inquiétait pas outre mesure, bien certain que quelque autorité nationale et romaine consentirait à prendre pour lui la responsabilité d'autoriser la cérémonie.

Mais, il faut me pardonner ma curiosité, vous qui êtes Roy d'armes de Celje, comment trouvez-vous ce pays? Les gens y sont-ils bons et bien nourris? L'époque est-elle encore à la paix ou aux disputes? Les fidèles y sont-ils bien vertueux?

Présenté à la future baptisée qui avait été cause de l'accélération du processus menant à la consécration de la chapelle, l'évêque d'Autun mit un genoux à terre avant de se relever et de tendre l'anneau.

Ma fille, il est bon et sage, lorsque l'on est grand, de faire ainsi que vous en donnez l'exemple l'exercice sain de l'humilité. Rassurez-vous, c'est toujours une consolation pour le clergé que de recevoir les Croyants à ses cérémonies, et une victoire lorsque, de surcroît, le baptême est souhaité.
J'ajoute que je ressens grand honneur d'officier en si noble assemblée, auprès des Lords Romain et Andrews, illustres s'il en est, et de votre Altesse d'Aragon.

Monseigneur, notre terre de Celje n'est point peuplée d'hérétiques mais de bons pratiquants, du moins j'ai la faiblesse de le croire. Je pense que cela est du à notre bon curé Ferdo ainsi qu'à notre excellent Evêque Monseigneur Kapsi que j'ai côtoyé durant de très longs mois au sein du Conseil du Royaume. C'est une petite terre vous savez et nous vivons un peu en autarcie ce qui fait aussi de nous une proie facile pour les attaques incessantes que nous subissons depuis quelques temps. Mais je ne parlerai pas de politique ici car j'ai devoir de réserve et le lieu n'est point aux considérations profanes.

Andrews voyait en l’Évêque en quelques secondes un homme fort bien informé et un fin diplomate qui sans rien dire réussissait à faire parler plus qu'il n'aurait du.

Il se décala respectueusement après avoir fait révérence à la jeune Princesse d'Aragon...

Lord Romain ainsi que l'assemblée des Fidèles réunis buvaient les paroles de l’Évêque.

Monseigneur je vous remercie pour vos paroles aimables à l'adresse de notre Maison. Notre terre invite parfois à la mélancolie quand le ciel semble chargé de fumée grise mais le cœur de ses habitants renferme une vraie lumière.

Pensez-vous que nous puissions prendre place ?

BM ne s'attendait pas à la réaction de l'homme d'Eglise, elle en manqua une respiration et senti le rouge lui monter aux joues, mais l'heure n'était plus à l'indécision et c'est avec une assurance retrouvée qu'elle s'inclina et effleura l'anneau des lèvres.

Reculant d'un pas, elle laissa de nouveau Lord Saint-Clair et Lord Andrew aux cotés de l'Evêque, désireuse de laisser en avant le maître des lieux et sa famille.

Le prélat goûta fort les réponses assez fines que lui firent les Saint-Clair, et gratifia d'un sourire bénin la princesse d'Aragon avant d'incliner la tête en signe d'assentiment au comte Romain.

Je vous en prie, prenez place.

Allant à l'autel, il saisit un exemplaire du Livre des Vertus qu'il avait ordonné qu'on y plaça. C'était un exemplaire d'une facture vraiment précieuse, fait de vélin doux et enluminé, léger quoique résistant, relié et couvert d'un cuir rouge sur lequel on avait appliqué et incrusté par un habile procédé, une série de baguettes et plaques d'or. Les motifs ainsi formés figurés sur la première face un Soleil, fait d'une plaque circulaire d'or sur laquelle était enchâssée un gros rubis, entourée de rayons fait de grenats pareillement enchâssés dans des armatures d'or. Sur la seconde face, les prophètes, levant chacun une torche, surmontée pour le premier d'un saphir, dont la couleur était celle de la spiritualité, l'autre d'une améthyste, dont la couleur rappelait celle de l'autorité suprême des antiques pontifes, et en conséquence celle qu'il avait remis en héritage à ses successeurs.

Peut-être, votre Grandeur, conviendrait-il de dire quelques mots sur celui auquel nous allons dédier cette digne chapelle. Saint Jean martyr, c'est bien cela?

Le Comte vêtu du kilt de son Clan approcha alors de l’Evêque.

Mes amis.

Quelques secondes passèrent après ces premiers mots, permettant au Lord de trouver les mots qui allaient suivre et marquer un peu plus la solennité de l’instant.

Comme Monseigneur Aegon vient de le spécifier, cette Chapelle sera dédié à Saint-Jean. Ce dernier tient pour nous une place toute particulière pour les raisons que je vais vous expliquer. Je me dois donc pour cela de vous raconter sa vie.

Il se racla alors la gorge, se disant qu'il aurait sans doute du avant l'évènement prendre une bonne lampée de whisky...

Rencontré par Christos à sa sortie du désert, Jean a toujours voulu propager la sainte parole d'Aristote, et, lorsque Christos vint à lui, il abandonna tout sur le champ pour le suivre.

Il ne devint pas l'un de ses apôtres mais fit partie de ces quelques fidèles qui, suivant Christos et les apôtres, rappelaient leur sainte parole à ceux qui doutaient ou recommençaient à s'adonner au péché sitôt Christos parti.

Ce fut l'un des disciples de Christos les plus passionnés. Il était le plus jeune d'entre tous ceux qui le suivaient, apôtres compris. Il fit voeu de chasteté dès sa rencontre avec Christos dont il buvait les paroles et en cherchait chaque fois le sens le plus pur.

Auprès des peuples, il était toujours le premier à éclairer l'âme des égarés rencontrés en leur apportant les enseignements d'Aristote et de Christos et le dernier à s'en aller.

Le jeune Lord admirait le Saint dont il essayait dans sa modeste vie de suivre les enseignements. Il leva les yeux vers le grand vitrail du Saint, comme si ce dernier était présent parmi l'assemblée. Ayant rejoint le Soleil ce dernier envoyait chaque jour les rayons de sa sagesse dans la Chapelle...

Christos finit par le remarquer et lui dit:

- Pourquoi, toi, le plus fidèle et le plus dévoué de mes suivants, n'acceptes-tu pas de te joindre à ma table
et de devenir apôtre?"

Flatté, Jean le regarda, puis répondit:

- "Christos, ton rôle et celui des apôtres est d'illuminer les peuples de la sainte foi aristotélicienne.
Vous êtes comme un phare qui illumine les ténèbres. Mais parfois, après votre départ, certains voiles se relèvent sur les esprits faibles. Si je suis à vos côtés, les peuples ne seront pas plus éclairés par notre passage, mais les voiles, eux, perdureront."

Il finit toutefois par venir aux côtés de Christos le jour de sa mort et ce dernier lui fit jurer de veiller sur sa mère Maria et de la protéger comme s'il était son propre fils.

Après la mort de Christos, Jean continua de répandre la foi aristotélicienne en Palestine et y organisa le clergé pour que soient sauvegardés ses enseignements.

Persecuté par les Romains, Jean décida ensuite de s'exiler à Ephèse.

Durant son voyage, il guérit par ses prières les soldats de son escorte qui avaient tous la dysenterie, et en arrivant, il guérit aussi par ses prières le fils d'un notable, atteint d'un « esprit impur », ce qui lui permit de baptiser toute la maisonnée dès son arrivée.

Il assurait les confessions des fidèles et, pour chacun de leur péché, il se rendait en forêt chercher rameaux et branchages qu'il entassait dans un champ en s'adressant aux Ephésiens:

"Ce tas symbolise le pardon que Dieu, par mon intermédiaire et vos confessions, vous accorde à tous, chaque
jour. Il vous rappelle que chaque jour vous pouvez vous égarer, mais, qu'en vous égarant, vous vous soumettez au jugement du Très-Haut, qui pardonne mais n'oublie pas."

Il appuya sur ces derniers mots et la notion de pardon puis reprit.

Lors d'une fête en dévotion à la déesse Artémis, que vénéraient les habitants d'Éphèse, Jean monta sur la colline où se trouvait une grande statue de la déesse et commença à haranguer la foule païenne. Celle-ci, furieuse, tenta de le lapider, mais toutes les pierres frappèrent la statue qui fut mise en pièces puis se retournèrent contre ceux qui continuaient à les lancer. À la prière de Jean, la terre trembla et engloutit les plus vindicatifs, mais après que la foule eut supplié Jean et fait appel à sa miséricorde, ils ressortirent tous des antres de la terre, vénérant le saint et demandant le baptême.

Jean fut alors arrêté et conduit au temple d'Artémis devant un officier impérial qui l'accusa de magie maléfique et voulut le mettre à mort. Il se mit à prier Dieu, et le temple s'effondra sans porter atteinte à aucune vie humaine.

Conduit devant l'Empereur, celui-ci décida de l'ébouillanter.

Alors que Jean était sur le point de succomber et avait déjà perdu connaissance, Christos lui apparut en songe, et lui dit:

- "Jean, par ta vie déjà tu as éclairé de la vraie foi la vie de nombre de fidèles. Pour ce faire, tu as renoncé aux plaisirs charnels et t'es offert au Très-Haut. Aujourd'hui, le Très-Haut m'envoie te demander d'achever ton office."

- "Comment?", lui répondit Jean

- "Aujourd'hui, tu ne mourras point car telle est la volonté du Très-Haut. L'empereur te libèrera et tu iras
rejoindre Samoht à Ephèse pour l'aider dans sa quête de la vérité sur ma vie et sur les enseignements qu'il nous est dû de transmettre aux futures générations."

L'eau s'arrêta alors instantanément de bouillir et le feu qui l'alimentait s'éteignit, devant les yeux ébahis de l'empereur qui relâcha Jean. Au même moment, un feu identique à celui qui venait de s'éteindre apparut sous le tas de bois, sans l'enflammer pour autant.

Libéré, Jean se rendit à Ephèse et, arrivant le 24 juin à la tombée de la nuit, il passa devant le tas de bois.

Voyant la flamme, il s'étonna et Christos lui apparut à nouveau:

- "Lorsque Dieu accorde son pardon, il n'est nul besoin de le rappeler. Par ce même feu qui devait t'ôter la
vie, il te sera rappelé, ainsi qu'aux Ephésiens, que se souvenir du pardon est aussi se souvenir des fautes. En ce jour qui sépare le printemps de l'été, il est temps d'oublier."

A cet instant, les flammes s'emparèrent du brasier, haut de plusieurs mètres.

- "Si ces branches aident les plus faibles à rester dans le droit chemin, alors continue d'en entasser, car nulle chose n'est absurde si elle préserve la foi; mais c'est à Dieu de se souvenir et de pardonner, et c'est aux hommes de savoir être vertueux sans y être aidés. C'est pourquoi je te demande de brûler, chaque année à l'entrée de l'été, ces branches que tu entasses, pour permettre aux hommes d'avancer."

Le jeune Lord marqua alors un temps d'arrêt.

Mes amis, pour celles et ceux qui ne le savaient pas encore, voici d'où nous vient cette tradition que nous faisons perdurer ici chaque année en nous réunissant lors du passage de ces deux saisons devant un grand bûcher.

Ses paysans réunis se regardèrent alors, comprenant le sens de cette fête qu'ils répétaient chaque année sans parfois en comprendre le sens profond. Quelques murmures fusèrent puis il reprit.

Les années suivantes, Jean assista Samoht dans ses écritures et continua de protéger la foi à Ephèse. Chaque année, il brûlait les brasiers qu'il avait confectionnés et demandait aux Ephésiens de se pardonner eux-mêmes et de conserver une vie vertueuse au cours de l'année qui arrivait.

Au moment de sa mort, il se fit creuser une fosse et y descendit en priant Dieu. Dès qu'il eut fini sa prière, il fut entouré d'une lumière si vive que personne ne put la regarder.

A cet instant l'assemblée se tourna vers le grand vitrail de Saint Jean qui venait d'être frappé d'un rayon flamboyant, marquant la présence du Saint devant l'autel de la Chapelle.

Une fois la lumière disparue, on trouva la fosse remplie de manne divine.

Puis Romain fit quelques pas pour se placer dans l'allée centrale.

Mes amis, voici donc pourquoi j'ai décidé, au nom de mon illustre Maison, de mes ancêtres et des vôtres, que cette Chapelle soit dédiée à Saint John le Martyr.

Je souhaite qu'ici, réunis devant le Très Haut, nous tenions par nos prières et notre amitié cet endroit en dehors du monde profane.

Je souhaite qu'entre ces murs il n'y ait point de Comte ou de paysans mais uniquement des Frères et des Soeurs, unis, réunis en fraternité sous le regard du Très Haut pour tenter de devenir meilleurs, de se ressourcer, de vivre des instants de joie, de bonheur, de méditation aussi. Ensemble.

Réunissez-vous, portez la parole d'Aristote et de Christos, aidez les brebis égarées à revenir dans le troupeau, aidez votre prochain car il est un autre vous-même. Soyez meilleurs pour rendre ce monde meilleur.

Puis le jeune Comte, après quelques secondes de silence et un regard échangé avec le Prélat, lâchât un dernier mot dont la portée échappa a l'assemblée avant de reprendre place.

J'ai dit.

Le comte avait prit les devants, à la surprise de l'évêque, qui n'attendait qu'une confirmation. Il fut cependant ravi de ce que pu dire le seigneur des lieux, et en particulier à ses gens.

A la sanction de "J'ai dit", le prélat s'adressa aux petits en premier.

Le comte a bien parlé, mes enfants, et dit la vérité. Si grande est sa bonté qu'il a voulu vous rappelé que tous, nous sommes égaux dans le sein de Dieu. Que la prière ne connaît pas les distinctions du monde, car elle est chose spirituelle, c'est-à-dire qu'elle ne dépend pas de votre dignité et de votre état...
Ainsi, si le monde est, justement et bonnement, partagé entre les trois ordres civils du clergé, de la noblesse et des classes laborieuses, ordre du monde qu'il est de votre devoir de respecter, maintenir et défendre, c'est d'abord pour mieux honorer le Créateur et assurer le gouvernement vertueux.

Rendez donc grâce à votre maître, et priez pour lui et sa maison. Rendez-vous souvent à la messe et en prière, dans cette belle chapelle dont il vous fait le présent, et répandez partout autour de vous la bonne parole. Comme Saint Jean, n'ayez jamais peur, sachez que la foy vous soutiendra dans toutes les épreuves, et veillez à conserver, toujours, l'Eglise aristotélicienne et apostolique; que ses fidèles ne soient pas trompés par les fumées du Sans-Nom et de l'hétérodoxie.
Et que nul, parmi vous, n'oublie que la Vérité est contenue dans ce Livre.

Un silence prolongé suivit ces admonestations, tandis que le prélat tenait dans ses bras tendus et à la vue de tous, le Saint ouvrage.

Prions à présent Saint Jean, martyr de la foy, qu'il bénisse ce jour et prête son intercession aux vertueux qui viendront en sa chapelle.

Reposant le Livre sur l'autel et joignant les mains, l'évêque récita la prière consacrée.

O glorieux Jean, qui avez été si cher à Christos que vous avez mérité de reposer votre tête sur sa saincte poitrine, et d'être, par lui et en sa place, donné comme fils à sa mère; mettez en mon cœur un amour vif pour le très Haut, Aristote et Christos. Obtenez moi du Seigneur que moi aussi, avec un coeur pur de toute affection terrestre, je sois digne d'être toujours uni ici-bas, à Aristote et Christos, comme fidèle disciple,et au très Haut, comme fils dévoué, afin de leur rester éternellement uni dans le ciel.
Ainsi soit-il.

Amen.

Romain se tenait assis au premier rang.

Il avait bu les paroles de l’Évêque à l'adresse des petits venus avec leurs parents. Ces derniers surpris que l'on s'adresse à eux avaient les yeux désormais grands ouverts.
Quelle idée lumineuse.

Il avait depuis son plus jeune age une admiration non feinte pour les hommes d'Eglise, ceux qui l'avaient aidé à prendre son envol dans la vie, ce sont eux qui l'ont forgé et à qui il devait sans doute ses valeurs. Il repensait à son vieux curé qui lui apprit tout ce qu'il savait. Il laissa vagabonder son esprit, repensant aux bivouacs lors des escortes de prélats, aux blessures de croisades...

Il fut tiré d'un coup de ses rêveries par les paroles d'Aegon et récita avec lui à voix haute et dans son cœur cette belle prière...

O glorieux Jean, qui avez été si cher à Christos que vous avez mérité de reposer votre tête sur sa saincte poitrine, et d'être, par lui et en sa place, donné comme fils à sa mère; mettez en mon cœur un amour vif pour le très Haut, Aristote et Christos. Obtenez moi du Seigneur que moi aussi, avec un cœur pur de toute affection terrestre, je sois digne d'être toujours uni ici-bas, à Aristote et Christos, comme fidèle disciple, et au très Haut, comme fils dévoué, afin de leur rester éternellement uni dans le ciel.
Ainsi soit-il.

Une chaleur traversa le cœur des hommes et des femmes rassemblés dans la Chapelle. Il le savait, cet instant magique était le prologue d'une longue série qui marquerait la mémoire des pierres, des bancs et des âmes...

Amen.

Ce n'était pas la première fois que BM assistait à un office. En général, elle était au fond, afin que sa présence ne gène pas et elle avait un certain mal à suivre le cérémonial. Mais à présent, instruite par Lord Saint-Clair, elle en appréciait chaque instant.

Monseigneur Aegon savait trouver les mots justes, et tout comme le reste de l'assemblée, elle était émue par la solennité de l'intant.

Ne connaissant pas cette nouvelle prière, les yeux fixés sur la statue du Saint, elle préféra utiliser ses propres mots, venus du fond du coeur :

Soyez remercié Seigneur, de m'avoir fait don de la Foi pour me permettre de vivre pleinement de tels instants

Après avoir laissé les murmures des prières se développer dans la chapelle, l'évêque disposa les objets rituels sur l'autel, autour du Saint Livre.

Lorsque Dieu créa le Cosmos, il rompit le Néant et emplit ce qui était vide de matière. Si grande est sa puissance que rien ne peut exister en dehors de Sa souveraine volonté. Le monde sur lequel nous vivons est le produit de Sa volonté, de sa Création.

Ainsi que l'ordre social est organisé par les humains selon les volontés de Dieu remises à nous par les Prophètes, ainsi Dieu a-t-Il organisé la matière au commencement. Il lui donna ses formes, ses consistances, et ses mouvements.

Le prélat saisit le Livre des Vertus brillamment ouvragé, l'ouvrit et lu d'une voix sévère.

7 Alors Dieu créa les deux mouvements : les choses lourdes iraient vers le bas et les choses légères vers le haut. Il créa également les quatre éléments. Le plus lourd était la terre. Puis venaient l’eau, le vent et le feu. Il les disposa dans l’ordre hiérarchique de leur pesanteur. La terre se trouvait donc au centre. Elle fut recouverte par l’eau, elle-même recouverte par l’air. Enfin, le plus léger des éléments, le feu, vint couvrir le tout.

Refermant le Livre, il y déposa un baiser à l'endroit du Soleil puis le replaça sur l'autel avant d'à nouveau se tourner vers l'assemblée.

Nous, fidèles Enfants de Dieu, avons décidé ce jour de nous réunir et de le louer dans ce lieu que nous tiendrons désormais pour sacré. Pour reconnaître et faire reconnaître la sacralité de cette chapelle, moi, l'évêque d'Autun, prélat de la Sainte Eglise, dument compétent à célébrer la consécration, vais procéder à la sanctification du lieu à l'aide des mêmes quatre éléments dont le Très-Haut fit usage.

Il alla alors enflammer une allumette de bois sur une bougie qu'il avait laissé brûler pour cette occasion dans un coin de la chapelle, puis revint et alluma un grand thomiste, premier des quatre instruments liturgiques disposés sur l'autel.

[RP] Consécration de la Chapelle Q8aocxp7

Après avoir soufflé l'allumette, il prit le cierge, le leva et se tourna pour le présenter aux yeux de tous.

Le feu, le plus léger et le plus pur des éléments. Qu'avec ce cierge ardent la chaleur du Soleil soit sur ce lieu, que la flamme de notre foy, aussi ardente que celle d'un bûcher, purifie nos coeurs et détruisent le péché, comme l'incendie détruit le bois pourri. Instrument terrible, mais force bénéfique en puissance, le feu est le premier élément sanctifiant de cette chapelle.

Chacun suivait la cérémonie avec grande attention, bien calé sur son banc, les yeux et les oreilles à l'affut du moindre geste du prélat.

La cérémonie venait de commencer... les éléments... le feu ... Romain goûtait à chaque seconde de ce rituel en repensant au feu du Saint de la Chapelle.

Le feu emplissait de douceur les âmes, les élevaient, mais Romain savait ce qu'il pouvait aussi apporter de terreur et de fureur.

Il gardait à l'esprit le feu déployé par ses adversaires durant les croisades de l'Est. Il repensait aussi aux âmes de ses frères d'armes qui s'élevèrent alors vers le Soleil et pria intérieurement pour eux.

Après avoir gardé le cierge dans son geste d'exposition un long instant, le prélat ramena ses bras devant sa poitrine et partit sur la droite. S'arrêtant dans le coin de la chapelle qui se trouvait derrière l'autel de ce côté, il leva de nouveau le cierge et dit d'une forte voix:

Nous vénérons ton pouvoir transcendant, Souverain Seigneur de l'Univers, qui créa le monde du brasier initial de la matière dont nos corps sont construits.

Répétant le même cérémoniel, il alla se porter au coin opposé, au fond de la chapelle, près de la porte.

Nous suivons ta lumière, Aristote, Prophète du Créateur, qui est le phare de la Raison et nous contemple du Paradis solaire.

Une fois encore, l'évêque d'Autun parcouru la chapelle pour aller au coin opposé à celui qu'il venait de quitter, leva le cierge et fit gravement:

Nous louons ta passion, Christos, qui fut le miroir de la divinité sacrifié pour nous; du Soleil tu entretiens dans nos coeurs le brasier de la Foy.

Revenant au dernier coin, qui le ramenait à proximité de l'autel, l'officiant leva une dernière fois le cierge.

Nous prospérons sous ta lumière, Père de l'Humanité qui nous fit Tes enfants parmi les Créatures, et t'en rendons grâce.

Il revint alors à l'autel, piqua le cierge sur un porte-cierge en cuivre qu'il avait ramené de Rome, et dont le pied était ouvragé avec assez de goût, quoique simplement.

Reprenant une allumette, il entrepris de réembraser l'encens qui reposait dans un encensoir de cuivre très modeste mais fort ancien. L'opération terminée avec succès, il souffla l'allumette et fermit l'encensoir, qui était retenu par des chaînes dont l'une permettait de le soulever en entier.

C'est ce qu'il fit justement, et, tenant la chaîne des deux mains, il entrepris de donner une série d'amples, lents et réguliers mouvements au tout, projetant la fumée douceâtre dans l'air inerte de la chapelle.

Sous le feu évolue l'air, la grande masse mouvante qui entre en nous, souffle à travers nous et sur nous. L'on ne peut le voir, et pourtant il comble le vide et nous permet de garder vivant la flamme qui nous réchauffe. Louons Dieu d'avoir créé l'air, car c'est là l'élément dans lequel nous vivons, comme le poisson vit dans l'eau. C'est aussi l'instrument par lequel nous pouvons faire usage du langage, ce privilège seulement réservé à l'humanité, à nous, les préférés du Créateur.

Faisons l'usage de la parole et de l'air qui la permet, et confessons nos fautes au Très-Haut, dont la bonté est si grande qu'Il a voulu qu'elles nous fussent pardonnées lors du sincère repentir.

Arpentant alors la chapelle de coin en coin selon le même parcours que celui qu'il avait effectué avec le cierge, balançant doucement et amplement l'encensoir devant lui, le prélat récita calmement le Confiteor, en latin, selon le rite thomiste.

[RP] Consécration de la Chapelle Confiterorcourt

BM, assise près des deux Lords, n'avait lâché des yeux la statue de Saint Jean que pour suivre le parcours de la Flamme.

Le feu avait toujours eu sur elle un effet apaisant, mais elle regardait la flamme s'élever, droite vers le ciel, et y voyait comme un symbole, le signe du chemin à suivre.

Puis l'odeur de l'encens la pris, lui rappelant des souvenirs qu'elle préférait effacer de sa mémoire désormais, et elle revint à la statue du Saint, auréolée de la lumière des vitraux ....

Following Romain, I arrive here in this room in the middle of a conversation of many people. Everyone speaks French and I barely speak that language. So it is going to take me a while to understand what is being said and done here. I'd better say hello to everyone first so the good people know that I am here.

Dear brothers and sisters, my name is Statler from Kirkcudbright and I am a Roman Cardinal from the Universal Roman and Aristotelian Church. My French is not that good, so give me some time to reply to you if you speak in that language. But do let me know how I can be of assistance.

Patiently I start to read through the papers that are here in this hall, to see if I can find out what needs to be done.

Eminence, the ceremony of Consecration of the Chapel is in progress.
We need your authorization so that the Consecration will be valid. I have the wish to remain faithful to Holly Church and also to respect her uses, so that this Chapel will see in the future some baptisms and valid marriages.
Can you give your blessing to this ceremony?

A l'entrée du cardinal, l'évêque d'Autun en était encore à parcourir la chapelle encensoir à la main. Une fois le rituel terminé, il alla suspendre l'encensoir à un grand pied de bronze qu'on avait amené près de l'autel. Alors, posant un genoux à terre, il déposa un baiser sur l'anneau cardinalice de Statler.

Your Eminence, I have begun consecrating the chapel with fire and incense, and am about to proceed with water and earth.
I am uneasy performing this consecration, but I have travelled all the way from France believing all proper authorizations had been delivered. It is only upon my arrival that I realized the authorization was not licit. As it is unlikely I will be sailing to Scotland soon, I thought I should consecrate and assume proper authorization would be granted, and the consecration thus made licit.

Eminence, pray be leniant on the matter, and grant me permission to proceed with the ceremony.

OOC a écrit:: It is nice to see so many French in this topic. But it makes it impossible for me to understand what is being said and what is expected from myself. I am more than willing to bless this Chapel, but I am uncertain how to proceed from here. It would be nice if I could get some more information, maybe by private letter on what to do next.

I hereby authorize the ceremony to take place. This way the Rosslyn Chapel can become an accepted Chapel.

» Autorisation de consécration de Chapelle
» [RP / HRP] Rappels sur la Fonction de cette Chapelle
» Attestation du Status Actif pour la Chapelle